Eléments de définition d’un solide en dynamique
Un solide indéformable (S) est caractérisé par
ses dimensions (en m)
sa masse volumique r (en kg.m-3).
Un solide dont la masse volumique est constante, quel que soit le point du solide considéré est un solide homogène. Un solide dont la masse volumique varie suivant le point du solide considéré est un solide hétérogène.
Pour utiliser les équations de la dynamique, il nous faut déterminer certaines quantités en fonction de ces éléments. Ce sont :
la masse MS.
les coordonnées du centre de masse GS
les éléments d’inertie du solide, ou, au moins certains d’entre eux.
Définition
dVP est le volume élémentaire.
Méthode pratique permettant de déterminer la masse d’un solide
il est généralement possible de décomposer (S) en une somme de solides homogènes dont la géométrie est simple (cylindres, parallélépipèdes, pyramides,...). Soit Vi le volume du solide Si et ri la masse volumique du solide Si. La masse du solide (S) est alors :
Unités
l’unité de masse est le kilogramme (kg).
Remarque : Attention aux unités de mesure, si r est en kg.m-3, V doit être en m3 pour que la masse soit en kg.
Centre de masse GS du solide (S)
coordonnées du centre de masse
La position du centre de masse GS de (S) peut être définie par
les trois coordonnées XGS,YGS,ZGS du point
GS dans un repère lié à (S). Ces trois coordonnées sont les composantes
dans la base “ s ” du vecteur
calcul des coordonnées du centre de masse :
GS est le barycentre des points P de masse rP.dVP.
Remarquons que le terme au dénominateur n’est autre que la masse de (S). Le terme au numérateur, s’appelle le moment statique du solide (S) par rapport au point OS :
Nous pouvons alors écrire que
méthode pratique permettant de calculer la position du point GS :
De nouveau, le principe de cette méthode est de décomposer le solide en solides homogènes élémentaires, de masse mi et de centre de masse Gi. Nous pouvons alors calculer la position de GS :
En projection dans le repère nous obtenons :
;
;
unité :
définit la position de GS
par rapport au point OS. Ce vecteur est donc exprimé en unité de
longueur, et en particulier en mètre (m).
remarque importante.
Si l’origine du repère est le centre de masse GS (donc si
OS=GS), le moment statique de (S) par rapport au repère
devient :
. Cette relation nous permettra de simplifier
de nombreuses relations dans le chapitre 8.
Moments d’inertie du solide (S)
introduction
La masse et le centre de gravité ne nous permettent pas de définir complètement
le comportement d’un solide (S) en dynamique. Pour pouvoir modéliser de manière
correcte le comportement des solides, nous avons besoin d’autres éléments
dont les moments d’inertie. Les moments d’inertie sont définis par rapport
aux axes du repère .
définition :
Moment d’inertie de (S) par rapport à la droite x’sOS xs
:
Moment d’inertie de (S) par rapport à la droite y’sOS ys
:
Moment d’inertie de (S) par rapport à la droite z’sOS zs
:
unité
Les moments d’inertie s’expriment en m2.kg. Leur définition est très proche de celle utilisée pour les moments quadratiques en résistances des matériaux (exprimés en m4), mais il ne faut pas les confondre !
remarque
Un moyen mnémotechnique pour retenir la forme des moments d’inertie est le suivant : A est relatif à l’axe x, et dans l’intégrale permettant de calculer A, remarquons que x n’intervient pas, de même pour B, relatif à l’axe y, et pour C relatif à l’axe Z.
Produits d’inertie du solide (S)
introduction
Pour utiliser les relations de la dynamique, il nous
faut aussi calculer trois produits d’inertie du solide (S), définis dans le
repère
définition
produits d’inertie du solide (S) par rapport au repère
unité :
Les moments d’inertie s’expriment en m2.kg. Leur définition est très proche de celle utilisée pour les moments quadratiques en résistances des matériaux (exprimés en m4), mais il ne faut pas les confondre !
moyen mnémotechnique.
On peut remarquer que x n’intervient pas dans le calcul de D=P/YSOSZS (la définition du produit ne contient pas x
D’une manière générale pour les moments et produits d’inertie, remarquons que x n’intervient pas dans A et D, y n’intervient pas dans B et E, z n’intervient pas dans C et F.
Matrice d’inertie de (S) par rapport à
Pour pouvoir utiliser les éléments
d’inertie relatifs au repère dans les calculs de dynamique, il nous faut
les placer dans une matrice (3,3) appelée matrice d’inertie.
les moments d’inertie sont placés sur la diagonale principale
les produits d’inertie, précédés du signe moins, sont placés symétriquement par rapport à cette diagonale.
La matrice d’inertie s’écrira donc
: avec
propriétés mathématiques
Une matrice d’inertie est toujours carrée, symétrique et réelle. Généralement elle est constante, dans la mesure ou le repère choisi pour la calculer est lié au solide (S). Toutes les propriétés et méthodes de calcul qui s’appliquent aux matrices carrées, symétriques et réelles s’appliquent au matrices d’inertie et seront utiles dans les calculs.
Représentation physique
La matrice précédente représente en fait, en projection dans la base , les composantes du tenseur d’inertie du solide
(S) relatives au point OS.
Tenseurs
définition d’un tenseur
Dans la théorie des tenseurs, un vecteur est un tenseur d’ordre 1. Il a trois composantes (dans un espace à trois dimensions) qui constituent une matrice colonne, en projection dans une base donnée. Lors d’un changement de base, les composantes du tenseur d’ordre 1, exprimées dans la nouvelle base, sont des combinaisons linéaires des composantes du tenseur dans l’ancienne base.
Tenseur d’inertie
Le tenseur d’inertie est lui un tenseur d’ordre 2. Il a neuf composantes
qui constituent une matrice dans une base donnée. Lors d’un changement de
base, les nouvelles composantes sont des combinaisons linéaires des anciennes.
Le tenseur d’inertie est indépendant de toute base, on le notera
; mais, pour l’exprimer sous forme de matrice
il nous faut le projeter dans une base.
Remarque sur le calcul des matrices d’inertie
Si les intégrales triples étaient toujours facile à calculer, nous pourrions arrêter ici la portion de cours de géométrie des masses. En effet, tous les éléments qui nous intéressent (masse, centre de masse, matrice d’inertie) ont été définis et peuvent être calculés. Les éléments de cours qui suivent n’ont d’autre but que de nous simplifier les calculs, et de nous éviter, dans la majorité des cas, de calculer la moindre intégrale.
Théorèmes relatifs au symétries
Simplification liée à la présence d’un plan de symétrie
Si un plan de coordonnées est plan de symétrie des masses de (S), les deux produits d’inertie, contenant, dans leur formule de calcul, la lettre de l’axe perpendiculaire à ce plan de coordonnées sont nuls dans toutes les matrices relatives à un point de ce plan.
Exemple
ySOSzS est plan de symétrie des masses de (S).
En écrivant D E F
xS yS zS
Et en utilisant le second moyen mnémotechnique proposé à la fin du paragraphe 7.5 (rappel : x n’intervient pas dans A et D, y n’intervient pas dans B et E, z n’intervient pas dans C et F.), nous en déduisons que E=F=0, car les relations de calcul contiennent zS.
Démonstration :
Soit le solide (S), symétrique par rapport au plan ySOSzS.
A tout point P(xP,yP,zP)Î(S) correspond un point P’(-xP,yP,zP)Î(S).
Soit (S+) la partie de (S) telle que x.xS >0.
De même
Généralisation : cas d’un axe de symétrie
Si un axe de coordonnées est axe de symétrie des masses de (S), toutes les matrices d’inertie relatives à un point de cet axe sont diagonales (les trois produits d’inertie sont nuls).
Matrices centrales d’inertie de quelques solides élémentaires
Sphère
rayon R, centre d’inertie G, masse M :
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Sphère creuse
rayon extérieur R, rayon intérieur r, masse M, centre d’inertie G
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cylindre plein d’axe Gz
rayon R, hauteur h, masse M, centre d’inertie en G
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cylindre creux d’axe Gz,
rayon extérieur R, rayon intérieur r, hauteur h, masse M, centre d’inertie
en G
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Parallelépipède
Longueur a, largeur b, hauteur h, masse M, centre d’inertie en G.
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Pyramide
droite, de base rectangulaire longueur a, largeur b, hauteur h.
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Cône droit
base circulaire, rayon R, hauteur h
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Autre définition du moment d’inertie
Remarque
Soit le point P, de masse dm, tel que son moment d’inertie par rapport
à l’axe OSZS est :
, r étant la distance du point P à l’axe OSZS.
autre définition du moment d’inertie
Cette remarque nous permet de définir d’une façon différente (mais équivalente) le moment d’inertie d’un solide (S) par rapport à une droite
Moment d’inertie d’un solide par rapport à une droite
Le moment d’inertie d’un solide (S) par rapport à une droite quelconque D s’écrit :
avec RPD2 = distance du point P à la droite D.
Moment d’inertie d’un solide par rapport à un plan
Par analogie, nous définissons le moment d’inertie d’un solide (S) par rapport à un plan Pl,
avec dPPl2 = distance du point P au plan Pl,
les moments d’inertie d’un solide (S) par rapport aux trois plans de coordonnée sont donc :
Moment d’inertie par rapport à un point
Nous pouvons aussi définir par analogie le moment d’inertie de (S) par rapport au point OS :
Théorèmes relatifs aux moments d’inertie
Théorème 1
Le moment d’inertie d’un solide (S) par rapport à une droite est la somme des moments d’inertie par rapport à deux plans perpendiculaires se coupant sur cette droite.
Théorème 2
Le moment d’inertie d’un solide (S) par rapport à un point est la somme des moments d’inertie par rapport à trois plans perpendiculaires entre eux se coupant en ce point.
Translation des axes : théorèmes d’Huygens (1629 - 1695)
théorème d’Huygens concernant les moments d’inertie :
Le moment d’inertie d’un solide (S) par rapport à un point H, (respectivement une droiteDH ou un plan PH) quelconque est égal au moment d’inertie de ce même solide (S) par rapport à son centre d’inertie G (respectivement DG, droite // à DH passant par G ou PG plan // à PH passant par G)auquel s’ajoute la masse de (S) multiplié par le carré de la distance du point H au point G (respectivement de la droite DH à la droite DG ou du plan PH au plan PG).
avec GS = centre
d’inertie de (S) et
avec GS = centre
d’inertie de (S) et d = distance entre les deux droites parallèles DH
et DGS
avec GS = centre
d’inertie de (S) et d = distance entre les deux plans parallèles PH
et PGS
Remarque importante : un des deux éléments doit être GS ou passer par GS
théorème d’Huygens concernant les produits d’inertie :
Soit un solide (S) et un repère OS point quelconque. Soit GS
le centre d’inertie de (S). Les produits d’inertie de (S) par rapport au repère
sont liés aux produits d’inertie
par rapport au repère
(bien noter que les repères
sont parallèles entre eux) par les équations suivantes :
noter que
sont les coordonnées de GS
dans le repère
.
démonstration
Tous les vecteurs sont dans la base , liée à (S). O est un point lié à (S).
Soit P un point quelconque de (S).
G est le centre d’inertie de (S). . Posons
Sachant que , les relations suivantes sont vérifiées :
(1)
Démonstration pour les moments.
(2)
(3)
en combinant (1) et (2) :
Développons :
Organisons l’équation :
En séparant en quatre intégrales : et en sortant des intégrales les termes constants :
remarquons que la première intégrale est égale à AG=I/GX(S),
que la seconde et la troisième intégrale sont nulles par définition du centre
de gravité (voir la remarque terminant le chapitre 7.3) , et que la quatrième
intégrale est égale à si MS est la masse de (S). Nous montrons
donc que :
.
La même méthode nous permet de démontrer que :
et
Démonstration pour les produits :
La méthode est la même que précédemment :
Utiliser la relation (1), développer l’équation, et regrouper les termes en P, en G, et croisés.
Séparer l’intégrale en quatre intégrales
Sortir des intégrales les termes constants
La première intégrale est égale à MS.yG.zG avec MS = masse de (S), les deux suivantes sont nulles (voir la remarque terminant le chapitre 7.3), la dernière est égale à D/G.
.
La même méthode nous permet de trouver :
et
En résumé
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Problème
Soit une matrice d’inertie du solide (S), relative au point OS et
à une base “ d ” (base de départ) :.
Nous souhaitons calculer la matrice semblable1 à cette matrice d’inertie dans une base “ a ”
Nous disposons de la relation suivante entre la base “ a ” et la base “ d ” :
, soit, sous forme matricielle,
Solution :
n appelle la matrice de passage de la
base d vers la base a, qui s’écrit :
Les matrices d’inertie sont carrées, symétriques et réelles, on démontre en mathématique2 que :
.
Sachant que “ d ” et “ a ” sont des bases orthonormées directes, la matrice est orthogonale, donc son déterminant est égal
à ±1. Nous aurons donc
En développant l’expression :
Diagonalisation des matrices d’inertie
Problème :
Soit une matrice d’inertie du solide (S), relative au point OS et à une base “ d ” (base de départ) :
.
Nous souhaitons trouver une matrice semblable à qui soit diagonale, ainsi que la base dans laquelle
cette matrice existe.
Solution :
Les mathématiciens démontrent que :
Toute matrice carrée, symétrique et réelle (toutes les matrices d’inertie ont ces propriétés là) est diagonalisable par une matrice de passage orthogonale P
La matrice diagonale semblable est formée des valeurs propres l1,l2,l3 de la matrice de départ.
La base d’arrivée est un système (orthonormé) de vecteurs propres de la matrice de départ. Chacun des vecteurs propres correspond à une valeur propre.
Méthode pratique :
est vecteur propre et li
est valeur propre de
si
soit
on en déduit le système d’équations suivant :
Une solution en xi,yi,zi différente de (0,0,0) existe si (et seulement si) le déterminant principal est nul (d’où... seulement deux équations indépendantes dans la suite des calculs, et la définition des vecteurs propres “ à un coefficient près ”).
Calcul des valeurs propres
Le déterminant principal, égal à 0 donne :
Attention : Ce sont bien Dd, Ed, Fd qu’il faut utiliser et non -Dd, -Ed, -Fd qui sont les valeurs numériques trouvées dans la matrice !
La matrice de départ étant carrée, symétrique et réelle, l’équation ci dessus a trois racines réelles, éventuellement multiples.
Nous avons trouvé , mais il nous reste à déterminer la base “ a
”
Recherche de la base d’arrivée, calcul des vecteurs propres
Pour chaque Il faut résoudre le système suivant,
. Le déterminant de ce système est nul, seul
deux équations sont indépendantes. En choisir 2 sur les 3 trouvées, choisir
une valeur pour xi (par exemple), en déduire yi et zi.
Nous obtenons le vecteur propre à un coefficient près, il nous reste à le
normer. Répéter l’opération pour les autres vecteurs propres.
Si l1¹l2¹l3
nous pouvons construire une base .
Remarquons que
Si l1=l2¹l3
le solide est de type “ cylindrique ”, il possède un axe de répétition matérielle
d’ordre supérieur à 2 (parallélépipède à base carrée, hélice à au moins trois
pales, cylindres,....). Les équations permettent de trouver , il faut alors choisir arbitrairement les vecteurs
et
, normaux entre eux, dans un plan perpendiculaire
à
Si l1=l2=l3
le solide est “ sphérique ” (sphère ou cube), mais .... votre matrice d’inertie
de départ devait déjà être diagonale.... le choix des trois vecteurs ,
,
est... quelconque.
Eléments principaux d’inertie- Eléments centraux d’inertie.
Il est toujours possible de diagonaliser une matrice d’inertie (de part ses
propriétés : carrée, symétrique, réelle). Il est donc toujours possible de
trouver un repère tel que
.
Les axes OSxP, OSyP, OSzP, sont appelés axes principaux de (S).
Les moments d’inertie AP,BP,CP, sont appelés moments d’inertie principaux de (S) relatifs au point OS.
Les plans de coordonnées sont appelés plans principaux
La matrice d’inertie est appelée matrice principale d’inertie relative à OS
Si OS=GS, alors est la matrice centrale d’inertie du solide
(S)
(note xC=xP, yC=yP, zC=zP=).
Méthode pratique pour calculer les éléments d’inertie d’un solide
Considérer globalement (S),
Considérer globalement (S), et le repère par rapport auquel on veut déterminer la matrice d’inertie.
Si le point OS n’est pas évident, calculer d’abord GS, cela simplifiera les changements de points par application du théorème d’Huygens.
Rechercher les plans ou axes de coordonnées qui sont axes de symétrie des masses de (S) Simplifier le plus possible la matrice d’inertie en faisant apparaître tous les zéros possibles.
décomposer (S) en solides élémentaires
Essayer de décomposer (S) en solides élémentaires, et, si c’est possible appliquer pour chaque solide élémentaire la méthode suivante :
rechercher la matrice centrale (diagonale, relative au centre de gravité du solide élémentaire) de (S).
appliquer (éventuellement) la rotation
des axes pour trouver
utiliser le théorème d’huygens pour
trouver la matrice
En sommant toutes les matrices d’inertie ainsi trouvées, obtenir
intégrer
Si l’utilisation des intégrales est indispensable, se souvenir qu’il est plus facile d’intégrer par rapport à un plan que par rapport à un axe.
1 Deux matrices sont semblables si elles réalisent la même application linéaire.
2 Les deux matrices (de départ et d’arrivée) sont des matrices carrées représentant la même application linéaire d’un espace E dans lui même (endomorphisme), relativement à deux bases différentes. Se référer au cours de mathématiques.